Malgré le report de notre voyage au Japon à l’année prochaine (au printemps 2015 à priori, croisons les doigts), je suis toujours passionnée par la culture japonaise et dès que l’occasion se présente de la découvrir, je fonce !
Aujourd’hui, je vais vous parler d’une manifestation culturelle qui s’est déroulée à la maison du Japon de la cité universitaire de Paris fin février. Des activités étaient organisées tout au long de la journée et nous avons pu participer à certaines d’entre elles:
- Conférence sur les mythes fondateurs du Japon;
- Cérémonie du thé;
- Démonstration de Kendo, un art martial guerrier;
- Démonstration d’Ikebana, art de l’arrangement floral.
Les mythes fondateurs du Japon
La journée a commencé par une conférence présentant les mythes fondateurs japonais. L’orateur, un vrai conteur japonais, ne parlait que sa langue natale, mais heureusement une traduction simultanée et des slides imagés permettaient de bien suivre l’histoire !
Je ne vais pas tout retranscrire dans cet article (parce que c’est très long et disponible ailleurs sur internet) mais seulement vous donnez quelques éléments de compréhension. La version écrite des mythes qui nous ont été contés s’appelle le Kojiki (« chroniques des faits anciens »). Ce texte, le plus ancien écrit japonais, raconte la création des îles japonaises ainsi que la naissance des dieux. Au-delà des légendes, ce recueil a également une valeur historique : il a servi aux empereurs japonais à affirmer leur ascendance divine (ils disaient descendre directement de la déesse du soleil Amaterasu).
En écoutant les différents récits, j’ai été frappée par les similitudes entre la mythologie japonaise et nos mythes classiques occidentaux, grecs ou chrétiens. Inazagi et Inazami (littéralement celui/celle qui invite) sont les deux premiers personnages dont l’histoire est racontée. De leur union sacrée naissent d’abord les différentes îles de l’archipel japonais ainsi que les dix dieux des forces naturelles. Cependant, comme la femme Inazami a pris la parole avant son époux, leur union est maudite et Inazami trouvera la mort en donnant naissance au feu. On retrouve ici une version du péché originel apporté en ce monde par la figure féminine. Après la mort d’Inazami, Inazagi décide se rendre sous terre dans le royaume des morts pour aller chercher sa bien-aimé. Ce passage n’est pas sans rappeler l’histoire d’Orphée et Eurydice et se finit d’ailleurs de façon identique : en se retournant pour voir sa femme avant de quitter le monde des ténèbres, Inazagi perd cette dernière de façon définitive ! En revenant des enfers, Inazagi se baigne dans un fleuve, un épisode à l’origine du « harai » une pratique de purification fondamentale chez les shintoïstes.
L’union du couple mythique Inazagi et Inazami est symbolisé au Japon par les deux rochers de Futami-ga-Ura liés par une grosse corde de paille changée tous les ans le 5 janvier lors d’une cérémonie.
Cérémonie du thé
Nous avons eu ensuite la chance de participer à une dégustation de thé. Cette pratique au Japon est érigée en véritable cérémonie avec sa propre esthétique et ses propres codes. Les 4 principes clés au centre de la cérémonie du thé sont les suivant : harmonie (« wa »), respect (« kei »), pureté (« sei ») et tranquillité (« jaku »). Même pour la cérémonie la plus basique, le nombre d’ustensiles nécessaires est conséquent : un carré de soi, le fouet, la boîte à thé, le bol à thé, l’écope à thé (bambou sculpté pour transférer le thé depuis la boîte vers le bol),…
Au début de la cérémonie, les différents ustensiles sont nettoyés devant les hôtes selon un ordre déterminé et des gestes précis. Ensuite, la maîtresse de cérémonie place un peu de thé vert en poudre au fond du bol, ajoute la quantité d’eau chaude adéquate et fouette le thé. Nous avons gouté du thé vert matcha ; ce dernier provient de la même plante que celle fournissant le thé noir mais sans étape de fermentation. Une fois le thé préparé, on accepte le bol en se courbant devant son hôte pour le remercier. Il faut poser le bol dans sa paume gauche puis le faire tourner trois fois d’un quart de tour vers la droite avec la main droite avant de boire la première gorgée. A la fin de la dégustation, le bol doit être tourné en sens inverse pour retrouver sa position original.
Par rapport aux thés verts que nous avons l’habitude de boire, le goût du matcha est très fort et surtout amer. Heureusement, juste après, nous avons eu le droit à des zests de yuzu (agrume japonais) avec un goût très doux et très sucré.
Démonstration de Kendo
Le Kendo, signifiant littéralement « la voie du sabre » est une version moderne de l’escrime au sabre pratiqué autrefois par les samouraïs japonais. Loin de se limiter à l’apprentissage des pratiques de combat, le kendo contient un volet spirituel qui permet de développer chez les pratiquants la détermination et une certaine force de caractère. Il est difficile de déterminer exactement quand et comment le Kendo a été crée mais il est certain qu’il provient de l’expérience acquise par les samouraïs japonais au cours des nombreuses guerres qui jalonnent l’histoire mouvementée du japon. Après la défaite des japonais en 1945, le Kendo est interdit par les forces alliées car suspecté de véhiculer une idéologie militariste. Cela n’a pas empêché cette discipline de connaitre un essor fulgurant les années 60 en Angleterre puis dans le reste de l’Europe. Malgré les nombreux licenciés dans le monde entier, la suprématie de Japon reste encore aujourd’hui incontestable. Selon la fédération japonaise, l’archipel nippon compterait plus de 5 millions d’adeptes !
Pour pratiquer le Kendo, il faut se munir de la tenue adéquate, d’une armure ainsi que d’un sabre. La tenue se compose d’un pantalon large de couleur indigo (hakama), d’une veste « kendogi » et enfin d’un morceau de tissu à enrouler sur la tête pour éviter le contact direct avec le casque. Contrairement à beaucoup d’arts martiaux, les pratiquants ne portent aucune marque extérieure de leur grade. Au Kendo, la présence d’une armure « bogu » permet de porter les coups avec un engagement total tout en restant sans danger pour les combattants. L’arme la plus utilisée au kendo est un « shinai » une réplique d’un sabre japonais « katana » fait avec des tiges de bambous maintenues entre elles par un capuchon de cuir. Les combattants peuvent également utiliser un sabre plus court nommé « kodachi ».
La pratique du kendo nécessite dans un premier temps l’apprentissage des katas, combats codifiés qui consistent en un enchainement précis de techniques connues à l’avance. Seules quatre parties du corps peuvent être touchées pendant les attaques : la tete (men), les poignets (kote) les flancs (do) et la gorge (tsuki). Lors des combats, l’objectif est de frapper l’adversaire sur une partie valable de l’armure avec le sabre correctement orienté. L’attaque doit en plus être portée avec détermination ce qui se manifeste par un cri « kiai » au moment de l’attaque. J’espère que ces quelques éléments de présentation sur le kendo vous aurons donné envie d’en savoir plus. Si vous avez l’occasion d’assister à une démonstration, n’hésitez-pas, c’est vraiment impressionnant !
Ikebana
L’Ikebana, aussi appelé Kado, littéralement « la voie des fleurs » désigne l’art traditionnel japonais de la composition florale. Cet art trouve son origine dans la pratique des offrandes faites aux Dieux. Les premiers bouquets furent réalisés par les moines et c’est l’un d’entre eux, Senmu, qui le premier codifia la pratique et ouvrit une école pour former des disciples.
La dame japonaise qui réalisait la démonstration était très belle dans son kimono traditionnel. De tous ces gestes émanaient le calme et la sérénité. Avant de commencer, elle nous a expliqué quelques principes fondamentaux du Kado. Il s’agit de donner vie à un bouquet et de reproduire l’expression la plus parfaite de la nature en accord avec sa sensibilité et son émotion. Cette danse créative et méditative doit nous aider à percevoir l’harmonie de la nature et à respecter toutes les formes de vie. Dans les écoles traditionnelle, les fleurs utilisées sont au nombre de trois pour symboliser la triade terre – homme – ciel. La disposition du bouquet peut se faire verticalement dans un vase (technique « tatebana ») ou horizontalement dans un plat ou un panier (technique « moribana »).
La démonstration était fascinante ! Nous sommes restés plus d’une heure à regarder les gestes calmes et précis de l’artiste. La petite musique zen en fond sonore venait ajouter à l’ambiance particulière de ce moment. Bref j’ai adoré et j’espère pouvoir assister de nouveau à une démonstration d’ikebana.
Très bel article, j’ai appris plein de choses ! Paris n’a pas fini de nous faire faire le tour du monde…