Retrouver l’ambiance russe à Paris, ce n’est pas si évident, alors aujourd’hui nous prenons la direction du Kremlin. Pour cela, nous n’allons pas à l’aéroport mais nous traversons simplement le périphérique direction le Kremlin-Bicêtre en banlieue sud de Paris. Dans ce post, je veux vous parler du festival Russenko, manifestation dédiée aux cultures russes ou russophones qui s’est tenu cette année le week-end du 25 janvier pour sa 5ème édition (après un lancement en 2010 pour l’année de l’amitié franco-russe). C’est parti pour une rapide revue des expositions ou activités que nous avons pu y découvrir.
A la mairie du Kremlin, nous démarrons par le vernissage de l’exposition des « blues noses », groupe de 3 artistes, arrivés de Novossibrisk. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça déménage… Leur grande force, c’est de rendre l’art contemporain facilement accessible via un humour décalé et décapant. On rit devant Che Gevara ou Lenine bedonnants et affalés sur leur canapé après avoir abandonné la révolution pour succomber à la société de consommation; on note la critique forte du régime de VP à travers les magnifiques clichés de baisers entre deux policiers et deux ballerines ; on se délecte de la copie en omelette et saucisson des toiles de Kandinsky. Pour l’anecdote, alors qu’une visite en compagnie des artistes était prévue pour 11h, nous attendions toujours seuls dans l’exposition à 11h30. En quittant le bâtiment, nous tombons soudain sur deux hommes habillés en noir et sur un chevalier en armure (faite de papier aluminium) sorte de Don Quichotte échevelé à mi-chemin entre une la figure héroïque et le clochard. Le retard des artistes était dû de leur propre aveu à une vie nocturne un peu trop riche…L’arrivée des trois membres du groupe a permis de donner un éclairage nouveau sur leur travail et de révéler les secrets de leur surnom (fruit d’une performance rocambolesque de trois jours enfermés dans une cave sans femmes ni vodka).
Place ensuite à une excellente exposition de photographie intitulée « La Russie au-delà des mythologies » dans le réservoir du CHU de la ville. Les trois photographes présents traitent de sujets bien différents qui éclairent plusieurs facettes de de la société russe contemporaine :
- l’innocence des jeunes enfants de familles aisées face à une société profondément inégalitaire ;
- l’hérédité ensuite avec des portraits familiaux de mère en fille à travers toute la Russie;
- la désolation enfin devant le spectacle d’une ville fantôme après la catastrophe de Tchernobyl. Seule une vielle dame se nourrissant de champignons et de baies survit encore en dehors de toute civilisation. Une devise accrochée sur son mur résume le tragique espoir de la situation « Всё будет хорошо, если даже всё будет иначе… » (Tout ira bien même si c’est autrement…)
Pour le déjeuner, direction le centre culturel de la ville où un repas a été préparé par l’association des amis de l’Oural : Pirojok, borsch et blini sucrés en dessert. L’occasion également de découvrir la série de photos d’Alexander Gronsky sur la ville de Norilsk en Sibérie considérée comme la grande ville la plus septentrionale du monde et l’une des plus polluée.
Nous faisons ensuite un petit détour dans un café pour écouter YogiRock, groupe de rock indépendant puis voici venu l’heure d’un concert de chants traditionnels cosaques dans l’Eglise de la Saint Famille. Le théâtre de drame populaire d’Irkoutsk propose des airs entrainants et de magnifiques costumes. Pour conclure cette plongée dans l’univers slave, nous assistons à un spectacle de danse rafraîchissant avec la troupe du soleil d’Irkoutsk. Des jeunes filles et garçons en costumes d’ours ou de paysannes de la Taïga réalisent sur de belles chorégraphies, parfaitement en rythme.
Rendez-vous l’année prochaine à Russenko pour de nouvelles découvertes !