9:00 Départ pour le musée de l’Apartheid
Aujourd’hui, j’ai décidé d’en savoir plus sur le régime de l’apartheid qui a sévi en Afrique du Sud entre 1948 et 1991. L’incontournable musée de Johannesburg sur le sujet se trouve dans les faubourgs sud de la ville ce qui fournit une bonne occasion de continuer la journée par une visite du township de Soweto (South West Township).
Le musée comporte une exposition permanente très complète qui détaille l’histoire de ce système de ségrégation raciale depuis sa genèse jusqu’à son abolition. Apartheid, un mot d’origine Afrikaans qui signifie « mis à part » a été utilisé pour décrire un régime légalisant la séparation entre les populations noires et blanches dans tous les aspects de la vie privée comme publique. Les relations amoureuses interraciales étaient passibles de prison et les contacts réduits au minimum dans les restaurants, les parcs ou encore les bus.
Lors de l’émission du billet d’entrée, chaque visiteur se voit attribuer au hasard une couleur de peau qui lui dictera le début de son parcours au sein de ce musée. J’ai trouvé que ce petit artifice était un moyen très simple mais efficace d’impliquer les gens dans la visite du musée.
L’exposition s’appuie sur de nombreuses images d’archives comme par exemple les stupéfiants clichés en noir et blanc de l’artiste sud-africain Enerst Cole. Personnellement, je suis plus sensible à des médias visuels comme les photos ou les vidéos qu’à des documents écrits quand il s’agit de retranscrire certains périodes historiques difficiles. J’étais tour à tour horrifiée devant la violence de certains clichés puis émue jusqu’aux larmes par l’espoir soulevé par d’autres – comme par exemple celui qui immortalise la queue sans fin devant un petit préfabriqué blanc le jour des premières élections libres en Afrique du Sud.
Le passage le plus éprouvant du musée est sans aucun doute la petite pièce dans laquelle pendent 131 cordes pour symboliser l’exécution des opposants politiques. Après le vote des lois anti-terroristes, la police était toute puissance et pouvait maintenir les gens en détention pendant 90 jours sans procès. Il n’y avait aucune obligation de prévenir la famille du prisonnier qui pouvait passer des semaines à chercher le disparu dans les hôpitaux ou les morgues.
En ce moment, l’exposition temporaire du musée est dédiée au personnage emblématique de Nelson Mandela. J’ai particulièrement apprécié la partie décrivant l’homme politique une fois élu président de la république en 1994. C’est finalement à sa sortie de prison que Mandela a dû relever le plus grand défi de sa vie : créer une nation unifiée à partir des fragments laissés par l’Apartheid. Il a ému le monde entier avec sa générosité et son incroyable capacité à pardonner. Pour l’anecdote, il a été jusqu’à organiser une rencontre officielle avec la veuve de Vorwoerd, l’homme politique responsable de la mise en place de l’Apartheid ! Une petite citation de Nelson Mandela qui résume bien la situation à sa sortie de prison : « I have discover the secret that after climbing a great hill one only finds there are many more hills to climb ».
11:30 Transports en commun pour Soweto
En sortant du musée, je retrouve Lindela qui va me guider dans le township de Soweto cet après-midi. Pour la première fois de mon séjour, je n’emprunte pas une voiture particulière mais les transports en commun. Il s’agit en réalité de minibus / taxi collectif pouvant contenir jusqu’à 15 personnes. Pour les arrêter, il faut faire un signe spécial (exemple sur la deuxième photo) avec ses mains indiquant le lieu où l’on veut aller ; si le véhicule va dans cette direction, il prend les passagers sinon il faut attendre le suivant. Lindela me montre le signe à faire pour indiquer le quartier d’Orlando West et coup de chance, nous sommes pris dans le premier minibus qui passe. Une fois à l’intérieur, il faut négocier le prix avec le chauffeur et faire passer le paiement par les passagers installés devant soi. Les tarifs sont beaucoup plus bas que ceux pratiqués pour les taxis individuels : pour un trajet de 20 minutes, j’ai payé 8 Rands soit environ 60 centimes d’euros !
12:00 Mémorial Hector Pieterson
Après avoir acheté un épi de maïs grillé en guise de déjeuner, nous nous dirigeons vers le mémorial Hector Pieterson. Très simple, ce mémorial porte le nom d’un jeune garçon de 13 ans tué lors des soulèvements étudiants à Soweto. Situé sur la même place, on peut également visiter un petit musée qui souligne l’importance de Soweto dans la lutte contre le régime de l’Apartheid. Le 16 juin 1976, une manifestation pacifique d’étudiants contre l’usage exclusif de l’Afrikaans pour l’enseignement est violemment réprimée par la police qui ouvre le feu sur la foule. En l’espace de quelques jours, cet événement très médiatisé alerte l’opinion publique mondiale qui se retourne contre le gouvernement raciste de l’Afrique du Sud. C’est le début d’une lutte qui durera plus de 25 ans !
13:00 Vilakazi Street ou la rue aux deux prix Nobel
A quelques pâtés de maisons du mémorial, vous trouverez facilement la Vilakazi Street dans laquelle ont vécu Nelson Mandela avant son séjour en prison et l’archevêque Desmond Tutu. Ils ont tous les deux reçus le prix Nobel de la paix pour leur engagement dans la lutte anti-apartheid. Si la maison de Nelson Mandela est devenue un musée qui se visite, celle de Desmond Tutu est protégée par des hauts murs blancs et vous ne trouverez qu’une vignette indicative. J’ai été un peu déçue par cette partie de la visite à Soweto ; les lieux sont devenus très touristiques et à côté des lieux de mémoire fleurissent les boutiques de souvenirs avec statues et tissus africains.
14:00 bidonville et Orlando towers
Nous continuons la visite à pied en nous dirigeant cette fois vers le quartier d’Orlando East où habite la catégorie de population la plus pauvre de Soweto. Lindela m’emmène à la rencontre d’une famille vivant au cœur du bidonville dans une petite cabane en tôle de quelques mètres carrés. Makeda, la mère de famille, me demande de la prendre en photo à l’intérieur de sa maison et me montre fièrement une photo de sa fille diplômée de l’école primaire. Un peu plus loin, un immense alphabet anglais est accroché au-dessus des casseroles pour faire réviser le plus petit quand il rentre de l’école. Comme hier lors de ma visite d’Alexandra, je note à quel point l’éducation constitue l’espoir de ces gens pour leurs enfants.
Un peu plus loin en explorant le bidonville, nous tombons sur les quelques robinets fournissant l’eau pour la toilette et la cuisine de centaines de personnes. Mon guide m’explique que le bidonville est très animé aujourd’hui car c’est un jour de match entre les deux plus grandes équipes de football de Soweto : Kaiser Chiefs en jaune vs Orlando Pirates en rouge. Le coup d’envoi aura lieu à 16h aujourd’hui devant plus de 90 000 supporters au Soccer City à la périphérie de Soweto.
Le dernier arrêt de notre parcours me permet de découvrir de plus près les impressionnantes Orlando Towers qui surplombent le township. Ces anciennes tours de refroidissement pour la centrale électrique de Soweto sont entièrement recouvertes de gigantesques œuvres de Street Art. Au pied des tours, divers stands proposent des activités sportives comme le saut à l’élastique ou le paintball.
16:00 Moment de détente au Peech Hotel
Comme aujourd’hui je suis rentrée plus tôt que d’habitude, j’ai profité des espaces extérieurs de Peech Hotel. Après un petit plouf dans la piscine (froide) et un sandwich en terrasse, je me suis installée dans le salon pour commencer la rédaction de l’article du jour. Demain, je fais une pause dans les publications car je vais passer la totalité de ma journée dans les aéroports. La prochaine fois que l’on se retrouve c’est une ambiance totalement différente que j’espère vous faire découvrir à Tokyo !
Infos pratiques
J’ai réservé cette excursion avec la compagnie Usizo Lwenkosi Tours basée à Soweto. Pour une ballade de 6h, il faut compter 300 Rands (20 euros) auxquels s’ajoutent 100 Rands (7 euros) pour les entrées de musées et les transports en commun.
Excellent article, hyper complet, intéressant et riche en infos.
J’ai appris beaucoup en te lisant et ai trouvé tes photos très touchantes. Tu as dû passer un séjour bien émouvant !!!
Profite bien de cette super opportunité, j’ai hâte de lire la suite de ton périple 🙂
Bisous
Merci beaucoup Valentine, ca me touche beaucoup comme commentaires !
On a du mal à s’imaginer que ce n’est pas si vieux tout ça…
Petite question : du coup, c’est avec le zenphone toutes les photos de l’article ? Ou reflex ? En tout cas, elles sont très jolies 🙂
Bonne poursuite de voyage !