Environ 6 mois après notre retour du Cambodge, l’occasion se présente de replonger dans l’atmosphère si caractéristique des temples d’Angkor via une exposition au musée Guimet des arts asiatiques. Aujourd’hui je vous emmène donc à la découverte de l’exposition “Angkor, naissance d’un mythe – Louis Delaporte et le Cambodge”.
A Paris, le musée des arts asiatiques Guimet offre la plus riche collection d’art khmer après le musée national de Phnom Penh. Si la collection permanente mérite évidemment le détour, cette exposition qui s’est tenue du 16 octobre 2013 au 13 janvier 2014 se concentre sur la première expédition occidentale partie à la découverte de ce patrimoine inconnu au XIXème siècle.
Tout au long de la visite, vous suivez la personnalité emblématique de Louis Delaporte, grand explorateur français et dessinateur, qui a su le premier déceler le génie de l’art khmer et qui n’a eu de cesse par la suite de le faire connaître au plus grand nombre. Voici ce qu’il écrivit après avoir vu les ruines pour la première fois :
« La vue de ces ruines étranges me frappa, moi aussi, d’un vif étonnement : je n’admirais pas moins la conception hardie et grandiose de ces monuments que l’harmonie parfaite de toutes leurs parties. L’art khmer s’écarte, il est vrai, de ces grandes œuvres classiques du bassin de la Méditerranée qui pendant longtemps ont seules captivé notre admiration : ce ne sont plus ces colonnades majestueuses ; ce sont au contraire des formes laborieuses, complexes, tourmentées : superpositions, retraits multiples, labyrinthes, galeries basses à jour, tours dentelées, pyramides à étages et à flèches innombrables ; une profusion extrême d’ornements et de sculptures qui enrichissent les ensemble sans en altérer la majesté ; c’est en un mot, une autre forme du beau » Louis Delaporte
Au sous-sol, le parcours vous plonge directement dans les superbes esquisses et dessins de l’explorateur. La découverte des grands temples khmers, pour la plupart à l’abandon et envahis par la végétation sont ré-imaginés par l’aventurier du temps de leur splendeur et sont présentés dans les carnets à dessin originaux.
En suivant l’enchaînement des pièces, vous découvrez ensuite des œuvres remarquables exposées pour la première fois: il s’agit de moulages en plâtre des fresques murales de différents temples, faits par les membres de l’expédition entre 1870 et 1920. Contrairement aux originaux, qui ont été peu à peu dégradés par le temps et le tourisme de masse, ces reproductions sont parfaitement conservées. Revivez quelques grands épisodes de la mythologie hindoue : le barattage de la mer de lait, les combats de Shiva ou encore la métamorphose de Vishnu en tortue qui porte le monde.
Au premier étage, admirez la finesse des statues et laissez-vous emporter par la grandeur des reconstitutions. Si vous voulez, ensuite, prenez le temps d’appréhender les différences entre les styles pré-angkorien, angkorien, du Bayon, du Banteay Srei… L’évolution de la statuaire se voit dans les cheveux, dans les ornements, dans la forme du corps, des vêtements, qui n’ont rien à envier à la subtilité de nos chefs d’œuvre occidentaux.
Petite anecdote pour conclure, sachez que dans un premier temps, le public n’a pas été conquis par le charme des statues rapportées par Delaporte. Il a fallu attendre l’exposition coloniale de Marseille en 1899 pour que le public se passionne pour le Cambodge.
PS : si vous voulez poursuivre la visite ou si vous n’avez pas pu vous y rendre, Arte propose un documentaire remarquable sur les fouilles réalisées à Angkor avec des superbes images et reconstitutions 3D: lien documentaire
Article rédigé par Guillaume